Le voyageur : une plongée enthousiasmante dans l’oeuvre emblématique de Léonard de Vinci

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le voyageurPar Julie Cadilhac – Lagrandeparade.com/ Patrick, gardien de musée au Louvre, est un cinquantenaire désenchanté, vieux garçon vivant encore avec sa mère, qui a la sensation d’avoir râté sa vie. A force de côtoyer la Joconde, il ne supporte plus cette ” petite conne”…jusqu’au jour où une petite voix l’invite à pénétrer dans le tableau…l’occasion de faire des rencontres troublantes dans une Toscane fantasmée qui lui permettront de renouer avec lui-même et de trouver les ressorts pour reprendre goût à la vie. 

Théa Rojzman a imaginé une odyssée picturale initiatique fort séduisante qui conquerra tou(te)s ceux et celles qui aiment se perdre dans les méandres de l’âme pour mieux s’y retrouver mais aussi tou(te)s les amoureux(ses) de l’art et du voyage. Cette bande-dessinée est empreinte d’une revigorante sensibilité et invite le lecteur à suivre le conseil éclairé : ” Nul ne peut trouver l’amour sans avoir au préalable pris soin de s’aimer soi-même.”

Joël Alessandra offre un écrin de très belle facture à ce “voyage intérieur”. Avec les atours d’un carnet de voyage conçu à l’aquarelle, son travail graphique plonge l’oeil ravi dans les paysages et les villes de Toscane du XVIème siècle.

Conquise, la Grande Parade a voulu en savoir davantage sur la genèse et la création de cet album superbe et nous les remercions de s’être prêtés avec autant de précision et de pétillance au jeu de l’entretien ! 

 

theaThéa Rojzman – Scénario 

Dans quel re?ve avez-vous fait connaissance avec Patoche?
Dans un re?ve e?veille?, vraisemblablement…Je ne sais plus comment ce Patoche est entre? dans mon esprit. Il y est entre?, c’est tout. Ils sont comme c?a, les personnages, un peu intrusifs et sans ge?ne !

Mona Lisa a-t-elle pre?ce?de? Patrick dans les pe?re?grinations de votre inspiration? Ou est-ce le contraire?
Oui, je crois me souvenir que je pensais d’abord a? Mona puis a? quelqu’un de proche d’elle. Et qui de plus proche d’elle qu’un gardien du Louvre ?

Comment c?a se de?bute, une histoire, chez The?a Rojzman? Autour d’un personnage? d’une phrase, d’une image? D’une pense?e? Toujours pareil? ou c?a de?pend des histoires?
Oh, ce n’est jamais pareil, le processus est toujours diffe?rent ! C?a de?pend des histoires mais aussi du projet. Cela peut partir d’un sujet qui me tient a? cœur (« je veux faire un livre sur ce sujet »), d’une proposition exte?rieure (projet de commande), d’une information qui me frappe, d’un personnage qui me fascine, de douleurs ou de joies personnelles ou encore de la sollicitation de mes partenaires, e?diteurs, e?ditrices ou dessinateurs, dessinatrices. Je dois constater qu’il n’y a aucune re?gle ni aucun processus semblable si je repense a? chacun de mes projets. Par contre, il faut toujours qu’une petite lumie?re s’allume en moi, un inte?re?t, une fascination, un de?sir soit pour le sujet, pour un personnage, une pe?riode de l’histoire ou pour un univers graphique…J’ai besoin de ressentir des « papillons dans le ventre », un peu comme un e?tat amoureux. C’est cela le point de de?part commun a? tous mes projets, ce ressenti.

[bt_quote style=”default” width=”0″]Je ne sais plus comment ce Patoche est entre? dans mon esprit. Il y est entre?, c’est tout. Ils sont comme c?a, les personnages, un peu intrusifs et sans ge?ne ! [/bt_quote]

sapereComment Le Voyageur est-il arrive? jusqu’a? Joe?l Alessandra? Et aux e?ditions Maghen?
La ve?rite? est que j’ai construit Le Voyageur sur mesure pour Joe?l ! Il est venu me chercher avec une envie de travailler ensemble. Je lui ai d’abord demande? ce qu’il aimait dessiner : des paysages, de l’architecture…Ce qu’il aimait : la peinture, les voyages…Je me suis concentre?e sur lui, son univers graphique et ses envies. De lui, je savais qu’il e?tait un grand voyageur…Alors, taquine, je me suis dit que ce serait amusant de lui proposer un voyage inte?rieur, pour changer ! Le reste s’est de?roule? mais toujours en pensant a? lui principalement. Et en cours d’e?laboration bien su?r, se sont infiltre?es mes propres obsessions, de?sirs et sujets de pre?dilection : le malaise existentiel, la que?te de re?silience, ma fascination pour la vie inconsciente de l’esprit… Je lui ai propose? cette histoire qui lui a plu et il en a re?alise? l’univers graphique qui m’a plus aussi. Puis ensemble, nous avons envoye? le dossier a? diffe?rentes maisons d’e?dition. Vincent Odin (notre e?diteur) et Daniel Maghen ont re?pondu tre?s rapidement, avec l’envie de travailler avec nous et de publier cette histoire…

Quelles ont e?te? vos principales sources d’inspiration? Un voyage en Toscane? Des promenades au Louvre? Des films? Des livres? Une cuite au Sangiovese?
Rien de tout c?a, juste Joe?l et mon fort inte?rieur.

Une guide, au tout de?but de la fiction, e?voque les deux paysages a? l’arrie?re de Mona Lisa, les commente peut-e?tre comme des « paysages inte?rieurs »…est-ce une pure hypothe?se de votre esprit ou l’avez-vous re?ellement lu de commentateurs?
Je ne me serais pas permise d’apporter mes propres hypothe?ses. D’ailleurs, il y en de?ja? assez comme c?a concernant la pauvre Joconde ! C’est effectivement une hypothe?se lue quelque part parmi les nombreuses analyses picturales de cette œuvre. Mais je ne me souviens plus ou? j’ai lu ou entendu c?a ! J’ai fait beaucoup de recherches mais ma me?moire a de?ja? tout e?vacue?, par ne?cessite?. Cela fait de?ja? deux ans !

Faire basculer dans une oeuvre picturale un personnage est un topos assez re?pandu dans la litte?rature, non?
Je ne sais pas, je ne lis jamais de livres, hahah ! Plus se?rieusement, oui, c’est sans doute un gimmick parmi d’autres dans les re?cits de fiction mais l’important est certainement ce qu’on en fait. Cela dit, je confesse volontiers que ce n’est sans doute pas l’aspect le plus original de notre proposition !

sapere …mais il reste toujours un outil narratif aux possibilite?s fantastiques. Dans quel tableau The?a Rojzman a-t-elle re?ve? de plonger?
Si je n’avais peur de rien, je plongerai volontiers dans les jardins de Je?rome Bosch ! Pour un temps calme, je basculerai pluto?t chez Edward Hopper. Et pour avoir le fin mot de l’histoire, je plongerai peut-e?tre dans un autoportrait de moi-me?me !

Avez-vous – vous aussi – ve?cu un syndrome de Stendhal…et si oui, dans quel contexte et devant quelle oeuvre?
Oui, au sens ou?, comme beaucoup de gens, j’ai e?te? submerge?e d’e?motions devant certaines œuvres, sans aller jusqu’au malaise ne?anmoins. Mais il m’est arrive?e d’e?tre tre?s e?mue ou perturbe?e, de ressentir que l’œuvre touchait en moi quelque chose de tre?s profond, peut- e?tre me?me des choses en moi que je ne connais pas. L’art, en cela, est un peu magique…J’ai ressenti cela pour de la musique, de la peinture, de la litte?rature, de la poe?sie…Je n’ai pas une œuvre en particulier a? citer car cela m’est souvent arrive? a? vrai dire. Re?cemment, je l’ai ressenti devant des dessins de Je?rome Zonder ou des tableaux de Julian Spianti, par exemple, la danse d’Andre?a Bescond au the?a?tre dans « Les Chatouilles »…Le violoncelle de Julia Kent aussi…Les bandes dessine?es de Pierre Duba…Plus jeune, en lisant Kundera ou en de?couvrant la peinture de Francis Bacon…Ohlala, il y a eu trop de fois, je crois !

Pourriez-vous expliquer ce que c’est qu’une radiographie ? L’histoire de celle de Mona Lisa, ainsi que l’hypothe?se des « contours », est fascinante…est-elle pure invention?
La radiographie applique?e aux œuvres picturales est une analyse « interne » d’un tableau, une technique utilise?e par des experts ou des restaurateurs, restauratrices. C’est l’utilisation des rayons X pour acce?der aux diffe?rentes couches et informations non visibles a? l’œil nu. La radiographie va re?ve?ler un tableau cache? sous un tableau par exemple, ou simplement sa structure, les de?tails techniques de sa composition, le nombre de couches, etc. En faisant mes recherches, le principe du Sfumato (peindre en atte?nuant jusqu’a? disparition les lignes, les contours) m’a fascine?e. Ensuite, j’ai trouve? un documentaire expliquant en quoi la radiographie de la Joconde diffe?rait des radiographies faites sur d’autres tableaux de la me?me e?poque. Comme je le raconte dans le livre, celle de la Joconde est tre?s diffe?rente car les contours du personnage n’apparaissent pas.. Tout faisait sens par rapport a? ce que j’avais envie de raconter : mon personnage est empe?tre? dans des croyances limitantes sur lui- me?me (son « personnage ») et toute la sagesse et la science de Le?onard de Vinci e?voquent techniquement la disparition des « contours ». J’ai ainsi applique? des principes picturaux et techniques a? des manie?res de concevoir l’existence pluto?t d’une fac?on « psychologique », voire en partie spirituelle. Je ne sais plus dans quel ordre j’ai travaille? tout cela mais tout s’est lie? a? un moment donne? pour faire sens.

[bt_quote style=”default” width=”0″]j’ai trouve? un documentaire expliquant en quoi la radiographie de la Joconde diffe?rait des radiographies faites sur d’autres tableaux de la me?me e?poque. Comme je le raconte dans le livre, celle de la Joconde est tre?s diffe?rente car les contours du personnage n’apparaissent pas.. Tout faisait sens par rapport a? ce que j’avais envie de raconter : mon personnage est empe?tre? dans des croyances limitantes sur lui- me?me (son « personnage ») et toute la sagesse et la science de Le?onard de Vinci e?voquent techniquement la disparition des « contours ». J’ai ainsi applique? des principes picturaux et techniques a? des manie?res de concevoir l’existence pluto?t d’une fac?on « psychologique », voire en partie spirituelle. Je ne sais plus dans quel ordre j’ai travaille? tout cela mais tout s’est lie? a? un moment donne? pour faire sens.[/bt_quote]

sapere Ici votre personnage vit une que?te initiatique et de?couvre la saveur de la vie : « Nul ne peut trouver l’amour sans avoir au pre?alable pris soin de s’aimer soi-me?me. ». Si je ne me trompe pas, la dimension psychologique et sensible est tre?s pre?sente dans votre travail, pourquoi? Pourriez-vous nous parler un peu de votre parcours?
Oui, c’est vrai, ces dimensions sont tre?s pre?sentes dans mon travail. La vie de l’esprit et les processus the?rapeutiques me passionnent. Au de?part, je suis une enfant qui a subi des violences, comme des millions d’enfants et j’ai du? moi-me?me admettre et comprendre comment j’avais e?te? fac?onne?e par ces blessures. C’est le point de de?part sans doute de tout mon inte?re?t pour ces questions. Je fus mon premier sujet d’exploration, et puis, mon inte?re?t s’est de?place? vers les autres, vers l’humanite? tout entie?re. Que fait-elle de ses violences, de ses blessures, de sa vie, de son Histoire ? J’ai toujours e?te? plus passionne?e par les questions que par les re?ponses, alors je suis en perpe?tuelle recherche, posant juste ici ou la?, des hypothe?ses, des re?flexions, mais sans jamais rien affirmer. J’essaie en tout cas. Mon parcours est cohe?rent par rapport a? tout cela : j’ai fait des e?tudes de philosophie et une formation de psychothe?rapeute sociale…Mais je suis tre?s inte?resse?e par le croisement ou la de?couverte de nouvelles disciplines…Les questions me dirigent et je fais tout pour rester sur un mode « ni sceptique ni cre?dule », a? l’e?coute et en recherche.

Au passage, merci d’avoir re?habilite? tout le charme cache? de lamoche de la billetterie ! ….elles se ressemblent toutes ces femmes ( Ginerva,la me?re de Patrick etc) qui traversent cette fiction, est-ce volontaire de votre part ou est-ce a? Joe?l Alessandre que cette particularite? est due…ou ce sont mes yeux qui divaguent?
La ressemblance entre Genevie?ve et Ginerva est volontaire, bien su?r. Cette sœur de Mona Lisa a re?ellement existe? et portait ce pre?nom. Or, Ginerva est l’e?quivalent de Genevie?ve en italien. Patrick ne plonge pas re?ellement dans la Toscane de Le?onard, il plonge a? l’inte?rieur de lui-me?me et compose cette re?alite?. C’est donc lui qui attribue un visage similaire a? ces femmes. Il fait des liens inconscients, il s’agit de « sa » re?alite?. Au de?but, il ne sait pas qu’il est attire? par « la moche de la billetterie » mais une part de lui, le sait et le de?sire…Donc non, vos yeux ne divaguent pas, tout est normal !

Le Voyageur, un beau titre. Comment l’avez-vous choisi? Avez-vous he?site? avec d’autres?
« Le Voyageur » e?tait mon premier titre, celui que j’ai propose? avec mon re?sume? de l’histoire a? Joe?l puis aux e?diteurs. En cours de re?alisation de l’album, j’ai souhaite? le changer, le pensant un peu « bateau » et de?ja? vu. J’ai propose? « SAPERE VEDERE » qui est la devise de Le?onard de Vinci et signifie « savoir voir ». C’ est aussi la phrase magique du carnet qui permet a? Patrick de « basculer » dans le tableau. Nous avons garde? ce titre un moment puis notre e?diteur a souhaite? finalement revenir a? « Le Voyageur », plus simple, sans doute plus « vendeur ». Je ne m’y suis pas oppose?e me?me si j’aimais beaucoup « Sapere Vedere ». Mais j’ai tendance a? souhaite? des titres trop e?nigmatiques, du genre que les « commerciaux » refusent…Je vis le me?me proble?me avec le titre d’un prochain album, un titre que j’ai choisi et adore mais que je suis contrainte d’abandonner. Je n’ai pas ce pouvoir de de?cision…

sapere Comment avez-vous collabore? avec Joe?l Alessandra?
De fac?on assez simple et pluto?t habituelle de nos jours : a? distance, par internet. Une fois le contrat signe?, je lui ai envoye? le sce?nario complet et il a de?marre? les dessins, page apre?s page. Joe?l est un travailleur incroyable, volontaire, implique? mais aussi rapide ! Mon sce?nario faisait 111 pages, il en a rajoute? quasiment 40, hors contrat (c’est-a?-dire, pas paye?es en plus) pour cre?er des doubles pages ou des pages supple?mentaires d’ambiance. Il est fou ! Mais au final, le re?cit y gagne force?ment, la temporalite? est plus douce, plus contemplative et c’est tre?s important ! Mon travail ne s’arre?te bien su?r pas au sce?nario, nous avons fait des allers- retours sans arre?t, modifie?, re?ajuste?, soit le dessin, soit le sce?nario. Nos e?diteurs Vincent Odin et Daniel Maghen sont aussi intervenus, notamment sur la fin que nous avons modifie?e. Bref, c’est un travail d’e?quipe au long cours, deux ans de suivi et de travail !

Quelles ont e?te? vos premie?res impressions face a? son interpre?tation graphique de votre histoire?
Je connaissais son « trait », son univers mais une des premie?res « images » qu’il m’a envoye?e m’a surprise et particulie?rement touche?e : il s’agissait d’une couverture de pre?sentation du dossier ou? l’on voyait Patrick (qui n’avait alors pas de moustache) marcher en le?vitation, dans les airs, au milieu d’un paysage de Toscane. « Bingo ! » fut ma premie?re impression, on e?tait connecte? et raccord ! Et puis, il y a eu ses pages avec des incrustations de dessins de Le?onard…Magiques. Avec Joe?l, nous avons travaille? dans une grande harmonie, relationnelle et cre?ative. Une collaboration ide?ale !

Y-a-t-il une planche que vous aimez particulie?rement? Laquelle…et pourquoi?
Oh, c’est difficile de choisir…Mais je dirais la double page 118-119 parce que j’ai e?te? particulie?rement e?mue quand je l’ai rec?ue. Cette double page correspond a? une seule case du sce?nario qui disait simplement : « Il est renverse? par le souffle ». On y voit la? toute l’implication et l’inspiration de Joe?l a? partir d’une simple action propose?e au de?part, en tout petit. J’adore ! Ce qu’il a fait la? est tre?s fort et particulie?rement re?ussi. Mais il y a plein d’autres pages qui m’ont fait le me?me effet.

[bt_quote style=”default” width=”0″]J’ai toujours e?te? plus passionne?e par les questions que par les re?ponses, alors je suis en perpe?tuelle recherche, posant juste ici ou la?, des hypothe?ses, des re?flexions, mais sans jamais rien affirmer.[/bt_quote] 

 joel alessandraJoël Alessandra – Dessin 

Comment e?tes-vous entre? dans le projet du Voyageur?
Eh bien c’est une vraie collaboration comme rares sont les ententes artistiques. Je connaissais The?a et surtout son travail et j’avais tre?s envie de travailler avec elle. Lors d’un festival, je me suis jete? a? l’eau et lui ai demande? si c?a lui disait d’e?crire une histoire que je pourrais illustrer.

Qu’est-ce qui vous a imme?diatement se?duit dans ce re?cit?
Tout. Ha ! Ha ! En fait c’est The?a qui a essaye? de savoir ce qui me plairait de repre?senter dans l’histoire qu’elle allait concocter. Je lui ai de?crit mon univers – qu’elle connaissait un peu pour avoir lu quelques albums – mes inspirations, mes envies, les choses qui m’attirent comme la Toscane ou l’Histoire de l’Art, les voyages bien su?r. Ainsi, The?a a re?ussi avec grand talent a? faire apparai?tre tout cela, mais j’ai e?galement adore? son e?criture, sa virtuosite? a? e?chafauder des dialogues et a? cre?er une atmosphe?re fantastique, a? imaginer une histoire aussi e?patante !

Quelles ont e?te? vos sources d’inspiration? Vous e?tes-vous beaucoup documente? sur l’e?poque de Da Vinci? Avez-vous voyage en Toscane? Ou, pour vous, l’e?motion, l’impression, le fantasme priment sur la documentation et la pre?cision historique?
J’ai e?norme?ment de mal a? dessiner des endroits ou? je ne suis pas alle?. A de?crire des lieux qui me sont inconnus. Je me balade toujours avec un carnet avec moi, je dessine l’environnement des sce?nes a? venir, c’est obligatoire ! Je fais cela avec tous mes livres, je fais e?norme?ment de croquis dont je me sers dans les planches de l’album. Le Voyageur n’a pas de?roge? a? la re?gle : visite du petit village de Vinci, dessins de Toscane, il y a d’ailleurs en fin d’album un cahier graphique qui reprend quelques croquis faits au Louvre ou du co?te? de Florence. Concernant Leonardo da Vinci, j’ai achete? beaucoup de livres et me suis procure? e?norme?ment de documentation… ce qui m’a permis ces compositions «a? la manie?re du Mai?tre» dans les pages qui lui sont consacre?es.

[bt_quote style=”default” width=”0″]Je me balade toujours avec un carnet avec moi, je dessine l’environnement des sce?nes a? venir, c’est obligatoire ![/bt_quote]

visiteursVous avez travaille? avec l’aquarelle, avec l’ide?e d’un carnet de voyage, c’est bien c?a?
L’aquarelle est le me?dium que j’utilise tout le temps. Que je sois en voyage sur les carnets ou a? l’atelier pour re?aliser les planches proprement dites, c’est la me?me petite boi?te de couleurs que je pratique…

Quels sont vos petits secrets de fabrication d’une oeuvre a? l’aquarelle?
Je travaille au cafe?, j’utilise beaucoup de cafe?. J’adore cette couleur ambre?e qui re?chauffe l’ensemble de ma palette, le me?me cafe? que je bois le matin et ou? je trempe mon pinceau ! Me?lange? aux pigments de l’aquarelle, cela donne des choses re?ellement e?tonnantes et la particularite? de ma chromie.

Est-ce votre support de dessin privile?gie?? et si oui, pourquoi?
J’en ai de?ja? un peu parle?, oui, c’est l’unique manie?re de travailler. Pas d’encre de chine ni d’encres de couleur, cafe? et aquarelle. Pour la beaute? simple et efficace de cette technique, ou? «l’accident» est toujours bienvenu et participe de la qualite? du dessin.

« Regarde attentivement car ce que tu vas voir n’est plus ce que tu viens de voir » disait Leonardo Da Vinci. Est-ce que cela refle?te la vision de votre art? Qu’est-ce que cette re?flexion vous inspire?
C’est le secret du carnet et du dessin sur nature : je fixe dans ma me?moire ces moments d’intimite? avec le de?cor que je dessine… je peux reprendre un carnet d’il y a 10 ans et me souvenir en tournant les pages du moment exact ou? j’ai trace? le croquis, je me souviens presque des odeurs, du moment de la journe?e… ce n’est pas du tout le cas quand je prends des photos au te?le?phone ou avec mon appareil…

Mona Lisa, Leonard de Vinci… quel rapport aviez-vous avec cette oeuvre et son cre?ateur avant de travailler sur ce livre?
Quand j’e?tais e?tudiant en Arts Applique?s a? l’e?cole Boulle a? Paris, j’e?tais toujours fourre? vers le Pavillon de Flore, ou dans les salles Denon, je suis un ve?ritable fan de ce muse?e, j’adorais m’y perdre. Travailler sur cet album et de?ambuler dans les me?andres du Louvre pour le livre avait une saveur particulie?rement familie?re et agre?able. Merci The?a !!

monaCe travail vous a-t-il fait rede?couvrir ce tableau? l’a e?claire? d’un nouveau regard?
Oui bien su?r ! encore une fois, dessiner c’est regarder, mais regarder aussi au travers des choses, pe?ne?trer plus profonde?ment le sujet. On s’attache a? percer les de?tails que nous propose Le?onardo, a? explorer la matie?re… The?a a mis l’accent sur l’arrie?re-plan de la peinture de Mona Lisa, m’incitant a? examiner les chemins perdus et dissimule?s derrie?re la figure de la Joconde.

[bt_quote style=”default” width=”0″]The?a a mis l’accent sur l’arrie?re-plan de la peinture de Mona Lisa, m’incitant a? examiner les chemins perdus et dissimule?s derrie?re la figure de la Joconde.[/bt_quote]

Y-a-t-il un passage que vous aimez particulie?rement dans cette histoire? Lequel et pourquoi?
J’aime beaucoup le moment pre?cis ou? Patoche, le gardien du Louvre, se voit «aspire?» par le tableau de la Joconde, j’ai adore? mettre en sce?ne et dessiner cet effet fantastique. J’avais pris le parti de repre?senter l’univers morne et fade du quotidien de notre he?ros dans des tons monochromes bleus, et les œuvres d’Art en couleur, la Joconde e?galement. J’ai pris un plaisir intense a? faire cohabiter ces deux ambiances colorielles, a? travailler sur ce «passage» vers la dimension Toscane du XVIe sie?cle haute en couleurs..

louvreEt un qui vous a pose? des difficulte?s a? composer?
Clairement la sce?ne du Sfumato ou? Patrick perd ses contours… la BD est justement l’Art du contour, s’en se?parer m’a pose? un re?el proble?me technique, il a fallu plusieurs tests et essais graphiques pour arriver a? transcrire l’ide?e de The?a, un vrai challenge !

Puisque j’ai pose? la question a? The?a, je vous la pose aussi avant de conclure : avez-vous ve?cu un syndrome de Stendhal…et si oui, dans quel contexte et devant quelle oeuvre?
J’adore vraiment la peinture italienne de cette e?poque, mais la ve?ritable e?motion que je peux avoir, presqu’a? en pleurer, c’est sans conteste devant les œuvres de Vermeer. Le peintre de Delft peut me laisser des heures entie?res a? sa merci, la Jeune fille a? la perle, par exemple, posse?de toute la sensibilite?, la technique, la beaute? possible dans un tableau selon moi.

Si vous deviez, en quelques mots, de?crire cette histoire, que diriez-vous?
Que The?a est un ge?nie des histoires fascinantes, et que je ne peux rien de?voiler de cette magnifique aventure, j’engage le lecteur a? se faire sa propre ide?e !

[bt_quote style=”default” width=”0″]Je travaille au cafe?, j’utilise beaucoup de cafe?. J’adore cette couleur ambre?e qui re?chauffe l’ensemble de ma palette, le me?me cafe? que je bois le matin et ou? je trempe mon pinceau ! Me?lange? aux pigments de l’aquarelle, cela donne des choses re?ellement e?tonnantes et la particularite? de ma chromie.[/bt_quote]

Le voyageur 
Editions : Daniel Maghen
Dessin: Joël Alessandra
Scénario : Théa Rojzman
??Date de parution : 23.03.2023
150 pages
 ??Prix : 26 €

Crédit-photo ( Théa Rojzman) : David Flick

Crédit-photo ( Joël Alessandra) : Guillaume Esteve

Achetez le livre ici directement sur le site des Editions Daniel Maghen 

le voyageur

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Des éditions Daniel Maghen: 

Les rivières du passé : une bande-dessinée de haut vol des éditions Daniel Maghen

Gibrat, L’hiver en été : une récréation délicieuse en mots et en dessins des éditions Daniel Maghen

Une vie à schtroumpfer : une superbe biographie de Peyo en images des éditions Daniel Maghen

Mirages : une superbe monographie de Will aux éditions Daniel Maghen !

Daniel Maghen et les enchères Christie’s : Episode 4

Les voyages d’Ulysse : l’époustouflante odyssée des éditions Maghen

Paul et Gaëtan Brizzi : 31 illustrations à la Galerie Daniel Maghen pour entrer dans la légende

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