Par Catherine Verne – Lagrandeparade.fr/ Un privé se rend dans une ville pour y mener une enquête pour laquelle on l’a commandité. Le voilà fraichement débarqué sur un quai de gare, à attendre que ses clients viennent le chercher. Le voilà à attendre que des indices viennent à se manifester jour après jour.
Le voilà à attendre d’être rémunéré pour ses services. Le voilà à attendre… en piétinant. Rien n’accroche décidément son attention d’expert, qui a tout de même à son actif d’avoir retrouvé une tortue disparue tout un mois du jardin botanique de Chanville. Et notre héros d’observer les gens autour de lui au restaurant ou chez le coiffeur en attendant, de s’acheter des chaussures, de commander un kebab, d’allumer la télé dans sa chambre d’hôtel. Le quotidien en apparence insignifiant de la ville provinciale en période de Fêtes de fin d’année peuple l’espace de son enquête laborieuse. De maigres indices s’envolent inexorablement entre ses doigts, et au milieu du décor où le gel fait des trottoirs des pataugeoires, le privé en mission a des allures de bonhomme de neige sous la pluie. Tout le travail romanesque ici s’axe autour de ce piétinement avec pour toile de fond un décor absurde c’est-à-dire résolument ordinaire. Un anti-polar teinté de poésie urbaine et d’absurde, servi par un choix narratif original.
J’enquête
Auteur: Joël Egloff
Editeur: Buchet-Chastel
Parution: 3 mars 2016
Prix: 16 euros
