Par Félix Brun – Lagrandeparade.fr/ Un domaine isolé au milieu des forêts, dans les montagnes du Bourbonnais, devient le refuge de Hermin, compositeur et maître de musique. Il s’est retiré à travers « ces chemins inhospitaliers chantés par les romantiques » pour créer un hommage à Schubert.
Sa solitude est bousculée lorsque Lenny, son protégé, disparu dix ans plus tôt, réapparait au milieu d’une tempête de neige…Musicien de génie, le jeune homme, famélique et troublé, annonce avoir renoncé à la musique et au piano. Retour ou fin de partition du wanderer (le voyageur) ? Une atmosphère lourde où “ Trop de questions sans réponses, trop de rancunes sourdes flottaient entre eux” s’établit, ponctuée de silences pesants, d’hésitations, de souvenirs musicaux, de déchirures….
Un premier roman comme une célébration du romantisme allemand, imprégné de musique et des lieds de Schubert, de son délaissement, de ses complexes et de ses souffrances, de sa prématurée disparition ; l’obscurité, les hautes futaies enneigées, tous les composants d’une tragédie wagnérienne. Avec délicatesse, subtilité, beauté même, Sarah Léon gratifie le lecteur d’une écriture sensible et sensuelle : « C’était l’heure indécise qui précède le jour ; le ciel encore bleu de nuit, était marbré de traînées fuligineuses, et des nuées sombres s’accumulaient au loin, annonciatrices d’autres tourmentes. La campagne hallucinée s’étendait autour d’eux,[…]. »
« Il n’y a pas de hasard », dit Hermin dans les dernières pages de « Wanderer »…et le talent de Sarah Léon non plus !
Wanderer
Auteur : Sarah Léon
Editions : Héloïse d’Ormesson
Parution : 3 mars 2016 – 15€
